Commentaire de nash (27/12/2007 14:37) :
Le « Sarko circus » en tournée
CHARLINE VANHOENACKER
mercredi 26 décembre 2007, 21:39
LA MÉDIATISATION à l’Elysée a augmenté de 450 % avec Nicolas Sarkozy. Qui
met les journalistes à la remorque.
Vous avez suivi Nicolas Sarkozy sur un yacht à Malte, aimé Nicolas Sarkozy
sur un canoë à Wolfeboro (États-Unis), vous allez adorer Nicolas Sarkozy
devant les pyramides avec Carla Burni. Ou redoubler la crise de foie de fin
d’année, c’est selon.
Car, si le Président fait feuilletonner sa vie, livrant chaque jour un
nouvel épisode à l’opinion, celui-ci, qui a démarré mardi, c’est du premier
choix. La France peut suivre en temps réel les activités du couple star,
comme en téléréalité.
Des vacances du « premier président producteur-animateur », selon
l’expression de Philippe Ridet, journaliste au Monde, la ménagère de moins
de 50 ans retient les balades main dans la main avec la nouvelle compagne.
Mais les socialistes, eux, relancent la polémique sur le conflit d’intérêts
avec les grands patrons. Car, comme à Malte, en juin, le Président s’est
rendu en Égypte grâce à l’avion privé de son généreux ami Vincent Bolloré,
P-DG d’Havas. « Dès lors que le président de la République se met en
situation de dépendre des faveurs des milliardaires, il y a forcément des
contreparties, et nous nous interrogeons : lesquelles ? », a lancé hier le
député PS Arnaud Montebourg.
Mais il n’y a guère que sur le « way of life sarkozyen » que les
socialistes se font piquants, en ce moment. Alors, le gouvernement a
désigné un contradicteur en la personne du secrétaire d’État au Tourisme,
Luc Chatel. Peine perdue, car Nicolas Sarkozy, volant à nouveau sur «
Bolloré airlines », balaie ainsi d’un revers de la main la critique
socialiste.
Promesse non tenue : Nicolas Sarkozy avait assuré en 2005 qu’il ne mettrait
plus sa vie privée en scène. Mais ici, il s’agit non seulement
d’officialiser l’idylle avec sa nouvelle compagne, mais aussi d’occuper le
terrain médiatique dans cette période creuse en actualité. La stratégie
n’est pas neuve et date déjà de l’épisode « Nicolas Sarkozy à Arcachon »,
lorsqu’il était ministre de l’Intérieur. « Il propose à l’opinion une
histoire de lui-même. Le problème posé à la presse est d’être face à un
phénomène qui fascine et fait vendre. Notre responsabilité : prendre du
recul pour analyser les réformes et observer ce qui se joue », explique
Franck Nouchi, rédacteur en chef du Monde 2, dans le magazine Stratégies.
La manœuvre est là : empêcher les journalistes de prendre du recul pour
jauger les réformes et y réfléchir. Nicolas Sarkozy a augmenté la
médiatisation des événements de 450 % par rapport à Jacques Chirac, et les
déplacements du Président sont passés de quatre par mois pour son
prédécesseur à quatre ou cinq par semaine. Lancer plusieurs dossiers en
même temps participe du même concept : « C’est un moyen d’éviter
l’enlisement d’un dossier unique et, surtout, de s’assurer la maîtrise de
l’agenda médiatique, explique Thierry Saussez, homme de communication et
conseil du Président. Au lieu d’être à la remorque des médias, ce sont eux
qui se trouvent obligés de suivre. Et puis, cela permet de gagner un délai
supplémentaire sur l’attente des résultats. » Franck Louvrier, chef du
service de presse de l’Elysée, répond au risque de saturation : « Je suis
convaincu que l’ère des présidences silencieuses est révolue. » En
revanche, lui s’applique ce silence quand il s’agit de Carla Bruni : «
Voilà plus de dix ans que je travaille avec Nicolas Sarkozy et que je me
suis toujours appliqué à ne faire aucun commentaire sur ce qui relève de sa
vie privée. »
La seule promotion qui peut faire de l’ombre au Président est de taille :
Astérix aux Jeux Olympiques.
http://www.lesoir.be/actualite/france/france-le-president-officiali-2007-12
-26-568464.shtml
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